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Russie : la stratégie du boycottage de l’opposant Alexeï Navalny

Arrêté fin janvier à Moscou, le principal adversaire du Kremlin, qui ne peut concourir à l’élection présidentielle, ne parvient pas à souder l’opposition autour de lui.

Par  (Moscou, correspondante) (avec AFP)

Publié le 28 janvier 2018 à 10h44, modifié le 18 mars 2018 à 14h50

Temps de Lecture 3 min.

A peine Alexeï Navalny avait-il posé un pied sur l’avenue Tverskaïa, la principale artère de Moscou, que des policiers l’ont embarqué sans ménagement dans un fourgon. Le principal opposant au Kremlin avait appelé ses partisans, dimanche 28 janvier, à manifester partout en Russie contre la « supercherie » de l’élection présidentielle du 18 mars, pour laquelle il ne peut concourir. Sa candidature a été écartée en raison de condamnations pénales, qu’il dénonce comme politiques.

Rassemblement de partisans d’Alexeï Navalny, à Saint-Pétersbourg, le 28 janvier.

« On m’a libéré », a fait savoir sur Twitter l’opposant, plus de huit heures après avoir été interpellé. « Merci à tous ceux qui n’ont pas peur de se battre pour leurs droits. » Il a été inculpé pour « violation des procédures concernant l’organisation d’une manifestation », a indiqué la police moscovite.

Pour la troisième fois en moins d’un an, les manifestants ont répondu présents à son appel dans plus d’une centaine de villes sur tout le territoire. Quoique moins nombreux que lors des précédents rassemblements des mois de mars et de juin, plusieurs milliers de personnes ont bravé les températures négatives et surmonté leur appréhension. Partout, les forces de police ont été déployées en nombre.

Trois heures avant le début des manifestations, jugées illicites par les autorités, la Fondation de lutte contre la corruption créée par Alexeï Navalny a été investie par la police, et le centre commercial dans lequel se trouvent ses locaux a été totalement encerclé. Quelques jours plus tôt, la justice avait déjà prononcé la liquidation de cette organisation qui sert à financer l’équipe et les QG de l’opposant.

Des manifestants, partisans de l’opposant Alexeï Navalny, manifestent dans les rues de Moscou, le 28 janvier.

« Tant pis si je dois me faire arrêter, mais vingt-quatre ans [la longévité au pouvoir de Vladimir Poutine en cas de victoire à sa propre succession], c’est trop ! », martelait à Moscou, Pavel, un étudiant de 21 ans, tandis qu’autour de lui la foule, réunie sur la place Pouchkine, criait en anglais « Impeachment ! » ou, en russe, « Ce ne sont pas des élections ! » A Ekaterinbourg, le maire, Evgueni Roïzman, l’un des rares élus de l’opposition, reprenait ce slogan au micro. « Ce ne sont pas des élections, il ne faut pas y participer ! »

L’appel d’Alexeï Navalny, 41 ans, à boycotter le scrutin du 18 mars ne fait pourtant pas l’unanimité. L’opposition se divise sur cette stratégie. Une partie pense que l’abstention n’aboutira qu’à augmenter mécaniquement le score du chef du Kremlin. Depuis 2006, en effet, le seuil minimum de plus de 50 % de votants a été aboli.

« Navalny n’est pas Eltsine »

Tout en apportant son soutien aux manifestations de dimanche, le mouvement Russie ouverte, lancé par l’ex-oligarque Mikhaïl Khodorkovski, en exil en Europe, prône lui aussi un vote « pour tout autre candidat » que Vladimir Poutine, « plutôt qu’un boycottage passif qui conférera une victoire incontestée à l’élite dirigeante ». « Il n’y a pas de boycottage dans l’histoire qui ait conduit à un changement de pouvoir », souligne Alexandre Soloviev, président du mouvement.

« En dépit d’être le seul homme politique véritablement remarquable en Russie aujourd’hui, Navalny ne parvient pas à rassembler tous les électeurs de l’opposition. Malgré tous ses efforts, il n’est pas Boris Eltsine, l’homme qui est devenu une figure unificatrice à la fin des années 1980, quand tout le monde a compris que la Russie devait rompre avec son idéologie communiste », note l’analyste politique Andreï Kolesnikov, de la Fondation Carnegie à Moscou.

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Alexeï Navalny doit affronter une nouvelle concurrence avec l’arrivée dans le jeu de Ksenia Sobtchak, 36 ans. Certes, bien moins populaire, voire suscitant la méfiance d’une partie des « anti-Poutine », la fille de l’ancien maire de Saint-Pétersbourg, Anatoli Sobtchak, se pose, elle aussi, en opposante. Dimanche, en même temps que se déroulaient les manifestations des partisans de M. Navalny, la candidate s’est plantée seule sous l’œil de caméras avec une pancarte dans la ville de Grozny, en Tchétchénie. Elle réclamait la libération d’Ouioub Titïev, responsable de l’ONG des droits humains Memorial, qui fait l’objet, sur place, de multiples persécutions.

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